Pourquoi le port du masque doit vous révolter

Achille Morin Lemoine
5 min readJan 21, 2021

Et pas pour les raisons que vous pensez.

Photo by Volodymyr Hryshchenko on Unsplash

Quand j’étais enfant, la bibliothèque de mon collège possédait une bande-dessinée que j’appréciais, quoiqu’elle m’effrayait également.

L’histoire mettait en scène une société dans laquelle un gaz apparemment dangereux cohabitait avec les humains, qui se voyaient donc contraints de vivre toute leur existence affublés d’imposants masques à gaz.

Je suis aujourd’hui assez choqué, dix ans après avoir frissonné à l’idée d’être confronté à cette situation en bande-dessinée, de devoir porter un masque à chaque fois que je sors de chez moi. Si l’histoire ne racontait pas la cause de l’apparition du gaz, nous connaissons aujourd’hui bien assez la raison pour laquelle nous sortons dans la rue masqués.

L’idée que je veux ici mettre en lumière est que la systématisation du port du masque représente le premier impact du réchauffement climatique que nous pouvons effectivement sentir dans notre quotidien.

Et dans trois minutes, vous en serez convaincu.

Le port du masque est une conséquence directe de notre action sur le monde

Commençons avec la déforestation.

Notre usage de matières premières est actuellement basé sur une utilisation importante de terres, gagnées à la forêt dans les pays en cours de développement qui en possèdent une. Ces pays, ce sont le Brésil, les pays d’Asie du Sud et de l’Est, la Chine, mais aussi les territoires d’Afrique.

Dans une de ses vidéos (à voir !), Léo Grasset explique que la déforestation est responsable de la rencontre de plus en plus fréquente entre des espèces sauvages en fuite suite à la destruction de leur habitat naturel, et les espèces domestiquées par l’Homme -voire l’Homme directement.

Or, nous savons que ces animaux sauvages sont porteurs de toute une flore de virus et de bactéries contre lesquelles nos animaux domestiques et nous-mêmes ne sommes pas immunisés.

Cette rencontre forcée ne fait donc qu’augmenter les risques d’infections potentiels du monde sauvage jusqu’à nous.

Toujours selon Léo Grasset, la pandémie mondiale de COVID-19 est loin d’être un événement isolé dû à une consommation traditionnelle d’un animal exotique (coucou les mangeurs de pangolin) qui serait en fait un évènement complètement exogène.

La vraie cause est ailleurs.

La fréquence des contacts potentiels entre espèces sauvages et écosystème humain augmentant à mesure que nous perturbons les écosystèmes, le risque d’infection augmente en parallèle.

La pandémie que nous vivons aujourd’hui est non seulement appelée à se reproduire, mais à se reproduire plus fréquemment, comme l’explique Bill Gates dans une vidéo datant de 2015.

Dès lors, nous pouvons affirmer avec certitude que le confinement, la distanciation sociale et le port du masque dont nous faisons l’expérience aujourd’hui sont donc des conséquences de notre mode de vie insatiable en ressources.

Le changement est sous nos yeux

Littéralement.

Parce qu’on porte des masques. Qui sont situés sous nos yeux.

Vous l’avez ?

Bref, cette prise de conscience est importante car elle représente une opportunité pour nous autres occidentaux de se confronter à la crise environnementale pour de vrai.

Nous sommes en effet habitués aux discours catastrophistes et aux injonctions de Greta Thunberg, mais au quotidien, quelles preuves avons-nous ?

Une des difficultés à laquelle se heurte la cause écologiste est l’absence de signes évidents de cette crise, du moins pour les habitants des pays développés, maintenant une réactivité mitigée parmi ses habitants.

Pourtant ce n’est pas parce que l’ennemi est invisible qu’il n’existe pas, n’en déplaise à certains.

La pandémie mondiale actuelle en est le parfait exemple : à son apogée en avril 2020, le confinement touchait un humain sur deux à travers le monde. Pas mal pour une menace fantôme !

Nos mesures face à l’épidémie, dont le port du masque systématique fait partie, viennent physiquement nous rappeler la problématique climatique que nous peinons pourtant à prendre au sérieux.

Aussi ironique que cela puisse paraître, nous portons désormais sur nous et au quotidien les conséquences de notre inaction.

Pour un pragmatisme écologique

Et si le port du masque servait de première prise de conscience collective de l’effet délétère de nos modes de vie ?

Il pourrait servir d’épée de Damoclès à brandir au-dessus des sceptiques : tant que nous ne regarderons pas la vérité en face, nous serons soumis à la menace permanente -et pire, grandissante- d’une contrainte directement appliquée sur notre visage.

Je pense que le mouvement écologiste aurait tout à gagner à invoquer ce type de conclusions. En exposant des faits objectifs et non culpabilisants, il gagnerait peut-être en crédibilité et en sympathie.

Tout comme le nucléaire représente contre toute attente une excellente solution pour lutter contre les économies carbonées, il faut que nous soyons plus réalistes face à l’urgence climatique.

L’Homme a prouvé à travers son histoire qu’il n’était capable de remise en question profonde que face à des crises menaçant son intégrité directe, ou du moins celle de ses enfants. Dans ces circonstances, il est capable des plus grands miracles.

Mais il ne bougera pas le petit doigt tant que le danger ne se montre qu’à travers un écran.

C’est exactement le même biais psychologique à l’œuvre que pour l’effet de la « mort kilométrique » qui nous empêche de ressentir de l’empathie face à des événements certes tragiques, mais se produisant à l’autre bout du monde.

Combien d’entre nous ont été choqué par la violence de l’explosion à Beyrouth pendant quelques heures puis se sont détournés de la tragédie en reprenant la routine aussitôt (je suis le premier de la liste) ?

N’habitant pas dans un archipel risquant de finir sous les flots d’ici quelques années, ni dans une zone où la sécheresse s’accentue, ni en Antarctique pour voir les ours polaires dépérir, mon quotidien n’est pas bousculé par le changement climatique.

La brutalité symbolique du port du masque nous offre enfin une opportunité de réaliser notre part de responsabilité.

Une opportunité de se révolter, non pas contre les politiques et leurs mesures, mais contre notre indifférence à l’égard de nos actions.

Merci d’avoir lu jusqu’ici ! Tout commentaire ou remarque sont les bienvenus, même et surtout en cas d’avis divergents.

Je ne suis pas un expert ni un modèle vertueux d’écologie. Si comme moi vous ne savez pas par où commencer, on peut déjà faire notre part pour que le monde change.

Pour aller plus loin :

De prochaines réflexions sont à venir très prochainement, restez connectés 👨🏻‍💻

Vous pouvez retrouver une réflexion sur la nature ici, et des idées entrepreneuriales ou .

Medium est basé sur un système de “claps” qui permet de signaler les articles dignes d’intérêt. Vous pouvez en distribuer jusqu’à 50 en restant appuyé sur le bouton 👏🏻, alors n’hésitez-pas si l’article vous a plu ! Vous pouvez aussi vous abonner à mon profil pour être tenu au courant de toutes mes actualités.

--

--