Les conseils d’Alexandre Mars pour entreprendre

Achille Morin Lemoine
10 min readNov 30, 2020

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Tout le monde peut devenir entrepreneur… avec du travail.

Photo by Minh Pham on Unsplash

Après Zero to One, c’est un autre ouvrage que j’adore que j’ai voulu synthétiser. Le deuxième livre d’Alexandre Mars, Ose !, est en effet un manuel pratique, bourré d’exemples et d’optimisme, sur les bases du mindset entrepreneurial. L’article qui suit en est un résumé sélectif, et je ne peux que vivement conseiller la lecture du livre.

La qualité principale de l’entrepreneur : le recours à l’action

Le mythe de “l’idée sous la douche”

Contrairement à une idée reçue, les idées d’entreprises n’arrivent pas toutes seules. On peut travailler son “muscle de l’intuition” pour repérer les signaux faibles et les opportunités.

Quelques astuces pour trouver des idées :

  • Résoudre un problème : qu’il s’agisse d’une problématique de la vie quotidienne ou celle d’une entreprise, la valeur ajoutée première d’un entrepreneur est de mettre en place des solutions aux problèmes du monde. Trois questions à se poser pour jauger la validité d’une idée :
  1. La taille du marché est-elle suffisante ?
  2. Est-ce que je peux clairement définir mon produit ?
  3. Y a-t’il des raisons qui m’empêcheraient de mettre mon idée exécution ?
  • Pousser plus loin des idées qui existent déjà : quand un marché est suffisamment vaste pour que plusieurs acteurs se le partagent, ou que les solutions existantes ne semblent pas complètes
  • Transformer sa passion en entreprise : une voie intransigeante mais passionnante
  • Lister de manière systématique toutes les idées qui nous viennent : parfois, c’est aussi simple que ça !

Une erreur de débutant est de garder son idée pour soi en pensant qu’on va se la faire voler. En fait, la probabilité est beaucoup plus grande de recevoir des conseils constructifs et utiles en partageant son idée que se la faire voler.

Et de toute façon, si l’idée est bonne, les concurrents apparaîtront à un moment ou un autre. Même si on repère un signal faible pertinent et qu’on accède ainsi à l’avantage du premier entrant, il faudra de toute manière innover pour se différencier.

“Celui que l’on considère être “le premier” est de plus en plus rarement celui qui a inventé l’idée. Il est rarement celui qui a inventé la manière de le populariser juste avant les autres, mais pas trop tôt non plus.”

Un autre conseil pertinent est donc de partager son idée le plus possible, tout en cultivant sa différenciation (en quoi mon produit est meilleur que celui des autres ?).

Photo by Christopher Rusev on Unsplash

Être entrepreneur, ça se travaille

De manière générale, les “génies” n’existent pas vraiment : il a été prouvé que la plupart des Maitres d’un domaine avaient simplement passé beaucoup plus de temps que n’importe qui d’autre à travailler.

C’est la fameuse théorie des 10 000 heures (voir cet excellent Ted Talk pour mieux séparer le buzz des conclusions scientifiques) : pour devenir un expert international d’un domaine il n’y a pas de secret, il faut y consacrer ÉNORMÉMENT de temps.

Et c’est pareil en entrepreneuriat.

10 000 heures c’est évidement un ordre d’idée, mais c’est long : on considère qu’un salarié moyen aux 35h travaille 1600 heures dans une année (+6 ans pour atteindre 10 000h). Même à un rythme de forcené, cela représente beaucoup de travail.

Du coup, la question n’est pas vraiment de savoir si on est “fait” pour tel ou tel secteur. Il s’agit simplement de savoir ce qu’on est prêt à sacrifier pour devenir le meilleur le plus vite possible.

Être entrepreneur exige un dévouement à son activité bien plus important que la majorité des métiers plus “classiques”.

“Tu réduis ta dépendance à la chance en travaillant.”

En clair : bosse comme un taré (en y prenant du plaisir) et tu minimiseras tes chances d’échec.

Une autre idée intéressante abordée est celle de l’égalité des chances. Il existe un pragmatisme dans l’entrepreneuriat qui distingue ceux qui font les choses des autres.

Au contraire de la vie en société, où sont valorisés CV, richesse, ou notoriété familiale, un entrepreneur est jugé sur sa capacité à passer à l’action.

C’est tout.

Même si un Master à Stanford aide certainement à monter une licorne, tous les entrepreneurs sont loin d’avoir un parcours académique parfait, et encore moins de provenir de famille aisées.

En fait, les individus ayant vécu plus de galères de vie que la moyenne sont peut-être même mieux armés pour le monde de l’entrepreneuriat.

En effet, quand on a développé l’habitude d’échouer ou de devoir réussir, on est mieux préparé à la réalité de la création d’entreprise.

C’est pourquoi même les individus défavorisés doivent tenter leur chance, et surtout eux.

Photo by Lena Varzar on Unsplash. Imaginons que c’est Périclès, pour illustrer l’idée du guerrier-philosophe.

Un état d’esprit de guerrier-philosophe

Je trouve que ce terme assez représentatif de l’ambiguïté fondamentale de l’entrepreneur : il doit se donner corps et âme à son projet tout en sachant prendre du recul ; être habile exécutant et fin stratège en même temps.

Après avoir établi que le travail acharné était à la base de toute réussite, voyons un peu plus précisément ce que peut être un bon mindset d’entrepreneur :

  • Optimiste mais pragmatique
  • Conscient de ses limites
  • Prêt à se remettre en question
  • Bon communicant

Optimiste mais pragmatique

Par définition, un entrepreneur doit croire en son idée plus que n’importe qui, c’est à dire au-delà du “raisonnable”. C’est ce qui lui permet d’avancer dans les moments difficiles, et aussi d’atteindre des sommets.

Cependant, cela ne signifie pas pour autant ne jamais réfléchir. Il est inutile voire dangereux de ne pas étudier la situation avant de se lancer à corps perdu dans une cause.

C’est ce que Gary Vaynerchuck résume par “do your homework and look at the math” (littéralement “fais tes devoirs et regarde les chiffres”).

El famoso GaryVee

Quelle métrique puis-je analyser pour valider ou infirmer mon idée ? Quel ordre de grandeur utiliser pour spécifier un problème ? Suis-je certain de voir la situation avec les bonnes informations en main ?

Le tout est de donner la bonne direction à sa motivation (en sachant que l’info dont on dispose sera de toute façon incomplète).

Avoir de l’énergie à donner, c’est bien ; il faut être sûr de la mettre au bon endroit.

C’est aussi pour cela qu’il faut définir et connaître son propre terrain de jeu.

Pourquoi jouer dans la cour de ses concurrents ? Autant bâtir sa niche et la dominer ! (d’où la fameuse punchline de Peter Thiel : “Competition is for losers”.)

Adapte tes moyens à ton terrain de jeu, ou bien réduis-le à tes propres moyens. Fixe des objectifs ambitieux mais réalistes.

Ensuite, fonce !

Suis tes rêves (mais ne sois pas stupide) !

Conscient de ses limites

Ce que j’aime particulièrement dans l’entrepreneuriat, c’est que les principes qui maximisent le succès sont aussi applicables dans la vie de manière plus générale. “Faire ses devoirs” est ainsi une bonne attitude à adopter au-delà de son activité professionnelle si l’on veut progresser.

Un autre de ces principes est celui de la connaissance de soi.

“Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux”, titrait le fronton du Temple de Delphes à l’époque de Socrate : l’étude de soi seule permet de comprendre le monde tel qu’il est vraiment.

Assume tes faiblesses”, nous conseille plus modestement Alexandre Mars. Il n’est ainsi pas nécessaire de tout faire pour réussir en tant qu’entrepreneur.

“Mets-toi devant une glace et pose-toi cette question : qu’est ce que je sais que je ne sais pas faire ?”

Connaître ses points forts et ses faiblesses permet de se concentrer sur ce à quoi on est bon, et ainsi maximiser notre valeur ajoutée.

Cela permet réciproquement de s’entourer de personnes meilleures que nous dans les domaines où nos compétences manquent.

Déléguer ce qu’on ne sait pas faire est une compétence-clé pour ne pas gaspiller son temps, et donc trouver le succès.

Il est tellement facile de se retrouver submergé par la masse infinie de travail à abattre que seule la coopération avec des individus possédant les compétences qui nous manquent permet de s’en sortir.

Attention, certaines qualités sont effectivement nécessaires à la réussite :

  • Savoir prendre des décisions rapidement (et en assumer les conséquences)
  • Savoir prendre du recul
  • Savoir discuter avec tous les membres de son équipe (pluridisciplinarité)

Travaille ces compétences et tes points forts propres, et délègue le reste !

Prêt à se remettre en question

Comme vu plus haut, attendre qu’une idée nous tombe dessus sous la douche revient à s’en remettre à la chance. Il faut travailler activement à sentir les signaux faibles.

“Par contre, une fois qu’on est lancés, c’est tous les jours qu’on doit innover, s’élargir, s’ouvrir aux opportunités…”

L’idée ici est la capacité de l’entrepreneur à pivoter, c’est à dire à changer de direction quand on réalise qu’on s’est engagé dans la mauvaise voie.

Pour cela, il faut être prêt à changer son fusil d’épaule rapidement et sans regret, à condition que la décision soit backée par des chiffres ou éléments objectifs (“look at the math”…).

Et même quand tout va bien, il faut constamment se remettre en question pour faire mieux et distancer les concurrents.

C’est ce qu’on appelle aussi la méthodologie Lean ou Agile : être dans l’adaptation constante sans perdre de vue son objectif final.

Comme dans la vraie vie, ego is the enemy pour les entrepreneurs en herbe. Il faut accepter de se tromper, pour repartir de plus belle dans la bonne direction (même si elle est provisoire).

3 erreurs à éviter à ce propos :

  1. Ne pas oser et avoir peur du jugement : les autres oublieront que tu t’es planté, et toi tu apprendras
  2. Ne pas savoir “lire” son succès : ce n’est pas parce qu’on ne vend pas sa boîte 1 milliard qu’on a pas “réussi”
  3. Ne pas apprendre de ses erreurs : se tromper n’est pas un problème, recommencer l’est

Être bon communicant

Dernier point, bref mais tout aussi important que les autres.

Comme le détaille Peter Thiel dans Zero to One, construire un excellent produit est nécessaire mais pas suffisant. Il faut également savoir le vendre.

Le marketing et la communication sont cruciaux pour se faire connaître, non seulement auprès de ses clients, mais aussi des investisseurs.

Il ne faut surtout pas sous-estimer le pouvoir de la communication dans le succès d’une entreprise, et pour cela tous les moyens sont bons : “Vu à la TV”, idées originales voire extravagantes, création de contenu (podcasts, articles…).

Une fois que l’entreprise est lancée, le marketing sera un vecteur de croissance essentiel.

“Crée de la communication autour de tes succès, aussi infimes soient-ils : l’être humain est toujours attiré par la réussite”.

Photo by Fleur on Unsplash

Bonus : la boîte à outils de l’entrepreneur

Quelques concepts intéressants

Design Thinking

Le principe du Design Thinking est simple :

“La solution que tu cherches est à l’extérieur de la pièce où tu te trouves”.

Concrètement, il s’agit de récolter le plus d’avis possible à chaque étape de développement du produit pour l’améliorer au fil de l’eau.

On peut décrire le processus par quelques étapes :

  1. Définir la problématique (le domaine sur lequel tu veux travailler) et lui donner un cadre
  2. Rechercher les problèmes des acteurs de ce secteur en leur demandant (directement ou subtilement)
  3. Imaginer des solutions possibles à ces problèmes
  4. Prototyper une de ces solutions (le fameux MVP)
  5. Faire tester à l’utilisateur final et récolter ses retours
  6. Et enfin, à répéter autant que nécessaire : améliorer la solution et revenir voir l’utilisateur

SWOT

Outil incontournable des consultants, la matrice SWOT est pertinente pour évaluer tout type de projet.

Elle permet de se connaître et d’être conscient des atouts et désavantages de son idée.

L’idée est de conduire une étude de marché accélérée et synthétique, à travers 4 éléments : ses forces (strengths) et faiblesses (weaknesses), qui dépendent de facteurs internes ; et les opportunités et menaces (threats) propres à l’environnement extérieur.

Les 10 points pour évaluer une entreprise comme un investisseur

  • Business model : clients ? canaux ? CAC ? fonds propres ? structure coûts/bénéfices ? CA ? tendance pérenne ou pas ?
  • Structure légale : protection ? assurance ? actionariat ?
  • Taille du marché : taille du marché adressable ? opportunités ?
  • Équipe : expérience ? diplômes ? compétences ? réseau ?
  • Responsabilité sociale : valeurs ? mission ?
  • Valorisation / sortie : multiple à la sortie ?
  • Perspectives de développement : avantage face à la concurrence ? avantage du produit ?demande existante ?
  • Différenciation : produit différenciable ? atouts ?
  • Solidité économique : évolution des CAC ? optimisations via différents canaux ? fidélité des clients ?
  • Technologie et opérationnel : plateforme / infrastructures évolutives ? supply chain souple ?
  • Diligence juridique : lois ? opacité quelconque ? problèmes juridiques ?
  • Diligence financière : bonne tenue des comptes ?

À retenir

Le travail réduit la dépendance à la chance et aux éléments extérieurs

Le timing et l’exécution sont clés, tout autant que l’équipe de laquelle on s’entoure

Un état d’esprit à toute épreuve, entre optimisme et pragmatisme

La connaissance de soi est cruciale

Et enfin : Ose rêver grand et passe à l’action !

C’est tout pour aujourd’hui ! J’ai passé sous silence certains éléments et compilé beaucoup d’autres, donc j’espère avoir donné envie de lire l’ouvrage en entier (et de sauter le pas dans un projet).

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