Achille Morin Lemoine
6 min readMay 28, 2020

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Tout d’abord je remercie sincèrement l’auteur de ce commentaire pour avoir pris le temps de me répondre si précautionneusement. Je vais donc m’appliquer à faire de même, en reprenant à partir de la liste des arguments.

“la « nature » au sens des environnement sauvage non influencés par l’homme (notion qu’il débat) ne « recherche » rien et ne fait que s’équilibrer par des processus de compétitions”

—> D’accord avec ce point. Je l’ai précisé en fin de texte.

“Cet équilibre n’empêche pas l’avènement de crises massives comme celle du cambrien ou l’explosion du taux d’oxygène dans l’atmosphère a entrainé la mort d’une portion importante des êtres vivants. Un bel exemple de production toujours plus importante et infinie provenant de la Nature”

—> Excellent argument effectivement, que j’ai négligé de préciser. En fait, c’est un tellement bon contre-exemple à la thèse de l’équilibre naturel VS expansion humaine que j’ai modifié toute un paragraphe à la fin du texte suite à la réflexion qu’il a engendré.

"Si certaines espèces sont massivement coopérative comme les insectes eusociaux d’autre sont individualiste et compétitives comme les requins." Problème : traiter la nature comme un ensemble uniforme alors qu’il s’agit en réalité d’un concept pluriel et complexe

—> Très bon argument également, je n’ai pas tenu compte de cette pluralité dans mon texte. J’ai préféré traiter le Nature sous l’angle de l’écosystème global plutôt que par espèces, en opposant l’humain au non-humain.

"S’il n’existe plus aucun système vierge de l’impact humain, il existe très clairement des systèmes dans lesquels son impact est réduit."

—> Vrai, mais ça n’apporte pas grand chose à l’argumentaire

"Pourquoi date de 50 000 ans ? Je choisirais personnellement l’apparition de l’agriculture, car avant cela, l’homme n’est pas si différent d’un animal dans sa lutte pour la survie. Le feu, les objets manufacturés n’ont pas supprimé la nécessité de chasser pour survivre."

—> Coquille de ma part, je voulais faire référence à la disparition Neandertal mais c’était faux et pas assez pertinent. J’ai modifié selon la suggestion, que je trouve bonne.

"Dire que l’unicité de l’homme dans son appropriation de l’espace est un argument pour ne pas nous inspirer de nature dont nous somme radicalement différent est tout simplement fallacieux. Il n’y a aucun lien de logique a baser nos inspirations sur notre proximité à cette inspiration. Il s’agit là d’un avis personnel de sa part qui n’apporte rien à l’argumentaire si il n’est pas développé."

—> Pas d’accord : quelle autre espace a autant d’impact sur son environnement ? Certaines espèces ont colonisé la planète entière (e.g. les nématodes, petits vers qu’on retrouve absolument partout, ou même les fourmis), mais elles n’influencent pas leur milieu, pas à l’échelle des humains en tous cas. Un ver ou une fourmi, tout colon qu’il est, ne pourra jamais détraquer le climat de la planète entière.

Par contre, je fais ici le lien avec l’argument des crises majeures d’origine naturelle. Prise dans son ensemble, la Nature a effectivement le pouvoir de faire plus fort que l’Homme (ères glacières ou explosion du taux d’oxygène cité plus haut).

"N’avons jamais autant coopérée qu’à l’ère moderne. Même durant le moyen-âge et les sociétés féodales, la coopération est la règle. Si les sociétés ne l’avaient pas fait, elles n’auraient jamais produit la nourriture nécessaire pour nourrir la population. Les systèmes de caste eux même sont basés sur une notion de coopération et segmente le travail dans des rôles considérés comme nécessaire (agriculture, artisanat, protecteur, administration et religion). Au final, même lors d’une guerre, la coopération est la règle car c’est cela qui permet à une armée de l’emporter sur une autre. Coopération ne signifie donc pas forcement égalité parfaite et une société peut très bien être coopérative ET compétitive."

—> Vrai, mais… Oui la coopération existe dans les sociétés humaines, et en est même un des fondements. Cependant je ne nie pas qu’une telle coopération existe. Mon argument est utilisé au regard de la critique du capitalisme. Si compétition il y a à l’ère moderne, elle n’était pas pour autant inexistante par le passé. Je ne vois pas bien en quoi cette idée “pose des bases non vérifiées”.

"Il prend pour cela l’exemple de Neandertal qui aurait été conquis par Sapiens. Cependant, le mot conquête sous-entend une volonté de possession du territoire à la place de Neandertal alors qu’à l’époque, les humains étaient encore nomades. De plus, nous ne savons pas encore comment la disparition de Neandertal s’est produite et de toute évidence, des mélanges se sont produit entre les deux espèces."

—> Je ne dis pas que la disparition de Neandertal ait été causée par Sapiens, simplement que nous sommes ceux qui ont survécu (en nous mélangeant à eux, certes). C’est tout. Toutefois, l’enchaînement des idées peut peut-être induire en erreur, j’ai modifié ce passage pour le rendre plus explicite.

"Il n’y a donc pas de paradoxe à rejeter le modèle expansionniste car il correspondrait à notre nature tout simplement car nous n’avons à ce point pas défini notre nature, ni différencié celle-ci des espèces composant la « nature ». Ainsi, si un singe ne penserait jamais à coloniser Mars car il n’en a pas les capacités, le léopard à sans problème colonisé l’Amérique du sud, sans y penser cependant. De plus, avant d’en avoir les moyens, nous n’aurions jamais pensé à coloniser Mars non plus."

—> Excellent argument. Cependant, cette capacité est une composante de notre nature humaine, donc je ne vois pas en quoi il contredit mon idée. J’ai modifié le texte pour préciser ce point. Humains —> conquête à grande échelle grâce à nos capacités —> expansionnisme. Par contre, ce n’est pas parce que l’on peut le faire que l’on devrait être systématiquement colons.

"L’auteur oubliant par exemple que l’ascension théoriquement méritocratique n’est que cela théorique et que c’est bien les aspects sociaux et redistributifs (bourse au mérite) qui ont permis de réduire l’inégalité dans l’accession à l’éducation et d’augmenter l’égalité des chances. Encore aujourd’hui les chances de devenir millionnaires sont bien plus déterminées par la richesse de sa famille que par son QI."

—> Vrai, mais… l’argument est encore une fois à mettre au regard des autres systèmes que l’Homme a expérimenté à travers l’histoire. Par rapport à l’immobilisme d’une société comme celle du Moyen-Âge (100% de chances de mourir paysan en naissant paysan) ou même de la société française d’il y a un siècle, notre modèle social moderne constitue une avancée en soi. Je ne nie pas qu’il soit améliorable, et je pense montrer dans l’article que ce système est loin d’être parfait. L’idée du texte est justement qu’il faut chercher à le rendre meilleur

"Je pointe du doigt que la comparaison entre des relations intra et inter spécifique n’est absolument pas pertinente et trompeuse. Si l’abeille et la fleur ne partage pas les même objectifs, deux abeilles le font."

—> Vrai et je le dis dans le texte : “les animaux ont des désirs qui varient selon leur espèce, mais pas entre individus d’une même espèce.” Comme précisé plus haut, mon point et d’opposer l’Homme à son environnement, car je l’estime fondamentalement différent de ce dernier, de par sa nature propre justement. J’ai modifié le texte pour être plus explicite.

"Enfin, il ajoute que l’homme à un désir de pouvoir qui dépasse ses autres désirs et celui des animaux. Pourtant la domination d’un individu sur les autres est un comportement massivement observé dans le règne animal et donc pas spécifique à l’humain. Dans le cas de ce dernier, il me semble même que le désir de pouvoir ne fait que découler des besoins cités précédemment et se révèle donc comme un moyen d’accentuer sa sécurité, sa reproduction et de se mettre à l’abris du danger."

—> On retombe sur la question de la capacité d’action. Sur le fond je suis d’accord, la domination est un comportement largement observé chez de nombreuses espèces animales. La différence avec nous, cependant, c’est que nous poussons le curseur bien plus loin.

Mon avis

J’applaudis l’auteur du commentaire qui a répondu si précisément à quasiment tous mes arguments. Je ne peux qu’approuver la majorité des remarques, pertinentes, dont j’ai enrichi mon texte initial. Le cas échéant, je suis ravi de pouvoir confronter mon point de vue. Ce commentaire est la preuve que l’on peut avoir des lacunes en orthographe et pourtant de très bonnes idées 😉

Je ne pense pas pour autant que l’intégralité de mon raisonnement soit à jeter, car ces réflexions ne remettent pas en cause le fond de l’article. Malgré un manque de profondeur de certaines idées, le développement de l’argumentaire et sa conclusion tiennent toujours : nous devons construire un système qui nous ressemble.

Au plaisir de vous lire,

Achille

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